Curse Rounds

Temps de lecture estimé : 7 minutes

Bande-annonce de la version console de Curse Rounds

Parfois, un jeu n’a pas besoin d’un grand univers ou d’une avalanche d’effets visuels pour attirer l’attention. Curse Rounds part d’un concept simple mais déroutant, et en fait le cœur de toute son identité. Pas d’explosion de couleurs ni de décors travaillés au pixel près, ici tout est pensé pour vous confronter directement à une mécanique précise et exigeante. L’expérience repose sur une idée simple en apparence mais qui change complètement la façon d’aborder vos parties : chaque progression ne vous rend pas plus fort, au contraire, elle vous fragilise. Avancer dans Curse Rounds, c’est accepter d’accumuler des handicaps et de voir vos chances de survie diminuer à chaque étape. Cette inversion des codes installe une ambiance particulière, où chaque choix devient une prise de risque assumée.

Quand chaque salle devient un piège supplémentaire

Curse Rounds
Curse Rounds

La structure du jeu est ultra simple : vous entrez dans une salle, vous survivez aux vagues d’ennemis, et vous passez à la suivante. Mais la spécificité de Curse Rounds se révèle après chaque affrontement. Vous devez tirer une carte, et cette carte n’est jamais un avantage. Il s’agit toujours d’une malédiction qui complique un peu plus la suite. Vitesse réduite, ennemis plus agressifs, perte de vie régulière… les possibilités sont nombreuses et elles s’additionnent très vite. Vous sentez rapidement le poids de ces choix, car chaque run prend une tournure différente selon la combinaison de malus que vous récoltez.

Avec plus de soixante malédictions différentes, les parties varient beaucoup. Certaines combinaisons changent complètement votre manière de jouer. Parfois, vous devez gérer une vision réduite qui rend la lecture de l’écran plus difficile, ou bien vous adapter à un rythme imposé par des adversaires qui foncent sur vous plus vite que prévu. Le jeu prend un malin plaisir à mélanger ces handicaps, créant des situations où l’écran devient presque impraticable. Les salles ne sont jamais un simple passage de routine, car la moindre contrainte supplémentaire peut transformer un combat ordinaire en véritable calvaire.

Les ennemis, eux, se déclinent en une trentaine de variantes, assez pour renouveler les rencontres sans tomber dans la redite immédiate. Certains tirent à distance, d’autres privilégient l’assaut frontal, d’autres encore saturent l’espace par leur nombre. Et au milieu de tout ça, les boss viennent servir de paliers. Leur présence renforce l’impression que rien ne vous sera épargné. Le jeu n’accorde aucun répit, chaque salle étant une marche de plus vers une descente où vous êtes de plus en plus désavantagé.

Une ambiance brute entre noir et blanc

Curse Rounds
Curse Rounds

Le premier contact visuel avec Curse Rounds surprend. Le jeu s’affiche uniquement en noir et blanc, avec des décors et des personnages réduits à l’essentiel. Ce minimalisme peut paraître déroutant au départ, mais il a une vraie utilité. L’action reste parfaitement lisible, même lorsque l’écran se couvre de projectiles. Pas besoin de détails superflus, le contraste suffit pour distinguer en un instant les menaces. Ce choix artistique crée aussi une atmosphère particulière, froide et oppressante. Les salles se ressemblent, mais cette uniformité renforce le côté implacable de l’expérience. On ne joue pas à Curse Rounds pour se balader dans un univers varié, mais pour ressentir une tension constante.

Côté audio, la logique est la même. Les musiques sont rythmées, volontairement répétitives, presque martelées pour maintenir une pression continue. Elles ne cherchent pas à en faire trop, mais elles accompagnent parfaitement le flux des affrontements. Les effets sonores vont droit au but : tirs, impacts, explosions, tout est clair et distinct. Là encore, pas de fioritures, mais une efficacité qui colle au style dépouillé du jeu.

Pour ce qui est de la prise en main, Curse Rounds ne cherche pas la complexité. Les actions sont simples, tout repose sur la rapidité et la précision. C’est cette accessibilité qui permet de se concentrer immédiatement sur l’essentiel : esquiver et attaquer au bon moment. Le jeu ne multiplie pas les mécaniques, et c’est tant mieux, car la difficulté vient déjà de la gestion des handicaps. Vous n’êtes jamais perdu face aux commandes, mais vous êtes constamment mis à l’épreuve par ce qui se passe à l’écran.

Les revers de la médaille

Curse Rounds
Curse Rounds

Même avec son concept original, Curse Rounds n’évite pas certains écueils. Le premier concerne la répétitivité. Les malédictions sont nombreuses, mais au bout d’un moment, certaines reviennent si souvent que vous avez l’impression de revivre les mêmes situations. L’aléatoire apporte du changement, mais pas assez pour effacer complètement cette impression de déjà-vu. L’austérité visuelle accentue ce sentiment, car les environnements ne varient presque pas. À la longue, cette monotonie finit par peser, surtout si vous enchaînez les sessions.

Un autre point discutable, c’est l’absence totale de progression d’une partie à l’autre. Dans d’autres roguelikes, même après un échec, vous débloquez des améliorations qui donnent envie de relancer une partie. Ici, rien ne persiste. Chaque run repart de zéro, sans récompense à long terme. Cette approche volontairement stricte plaira aux amateurs de challenge pur, mais elle peut décourager ceux qui aiment sentir une montée en puissance durable. On se retrouve face à une expérience brute, qui ne cherche pas à flatter, mais qui peut paraître un peu ingrate si vous attendiez un minimum de progression globale.

Enfin, la difficulté peut parfois virer à la frustration. Certaines combinaisons de malédictions rendent la survie presque impossible, et ce sentiment d’être puni sans marge de manœuvre peut vite agacer. Le jeu assume ce côté cruel, mais il ne fait aucun effort pour équilibrer ces excès. Ajoutez à cela le style visuel très austère, qui, même s’il est cohérent, finit par devenir monotone, et vous obtenez un cocktail qui ne plaira pas à tout le monde.

Ce qu’il faut retenir de l’expérience

Curse Rounds
Curse Rounds

Curse Rounds est une expérience à part dans le paysage des roguelikes. Au lieu de vous récompenser, il vous charge de malédictions qui rendent chaque pas plus lourd que le précédent. L’idée fonctionne, et elle installe une tension unique. L’esthétique en noir et blanc, la bande-son martelée et la prise en main directe renforcent cette identité. Vous êtes plongé dans une épreuve où chaque salle est un combat contre vos propres limites, autant que contre les ennemis.

Mais derrière cette personnalité marquée, le jeu montre aussi ses faiblesses. La répétitivité, l’absence de progression durable et une difficulté parfois arbitraire risquent d’en détourner certains. Curse Rounds ne cherche pas à plaire à tout le monde, il s’adresse avant tout à ceux qui aiment relever des défis bruts, sans concessions. Si vous êtes prêt à encaisser ses coups et à accepter ses limites, vous trouverez une expérience différente, capable de marquer par son intensité et son exigence.

Merci à l’éditeur de nous avoir fourni le jeu.

Le testeur aime:

  • Concept original avec accumulation de malédictions
  • Grande variété de situations grâce aux cartes et ennemis
  • Esthétique minimaliste qui assure une lisibilité parfaite
  • Bande-son efficace et immersive
  • Prise en main simple et réactive
  • Combats de type bullet-hell dynamiques
  • Rejouabilité élevée grâce aux combinaisons de malus

Le testeur n'aime pas:

  • Répétitivité possible sur le long terme
  • Absence de progression durable entre les parties
  • Difficulté parfois frustrante ou injuste
  • Style graphique très austère qui peut lasser
  • Certaines combinaisons de malus rendent la partie quasiment impossible
8.3

Super

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