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Au premier coup d’œil, Diamond Hands: To The Moon ne ressemble pas à grand-chose. Un petit jeu rétro, en 2D, avec des pixels grossiers et un personnage qui saute. Mais il ne faut pas s’y tromper. Derrière cette façade simple se cache une expérience qui met vos nerfs à rude épreuve. L’idée est de grimper, encore et encore, jusqu’à la lune. Et pour y arriver, il faudra une patience sans faille. Pas de scénario à suivre, pas d’ennemis à vaincre, juste une succession de plateformes qui semblent parfois faites pour vous faire craquer. C’est le genre de jeu qui teste plus votre sang-froid que votre rapidité.
Chaque saut devient une décision
Vous contrôlez un personnage qui peut seulement se déplacer à gauche, à droite, et sauter. Ça paraît basique, mais c’est justement là que tout se complique. La hauteur du saut dépend de la durée de votre appui, et la moindre erreur de dosage peut tout ruiner. Si vous sautez trop bas, vous ratez la plateforme. Si vous sautez trop haut, vous la dépassez et tombez. Et quand vous tombez, ce n’est pas seulement de quelques centimètres, mais parfois de plusieurs zones. Tout le chemin fait en dix minutes peut disparaître en une fraction de seconde.
Le jeu ne se découpe pas en niveaux classiques. C’est une seule montée interminable, divisée en zones aux thèmes décalés qui parodient le vocabulaire de la finance. Vous passez par des environnements appelés “FUD”, “Dark Pool” ou encore “Chicken Tendie Land”. C’est absurde, mais ça donne une identité particulière à l’ascension. Et comme il n’y a aucun point de sauvegarde, chaque saut est une mise en jeu de votre progression. Le moindre geste demande de la concentration, car vous savez qu’une erreur peut vous ramener très bas.
Il existe aussi un mode multijoueur, avec jusqu’à dix personnes qui grimpent ensemble sur PC, ou en écran partagé sur console. Dans ces moments, l’ambiance change complètement. Voir quelqu’un réussir là où vous échouez, ou au contraire se rater et tomber bien plus bas, crée un mélange d’entraide et de moqueries qui relance l’intérêt. Ça reste la même mécanique, mais partagée, elle devient beaucoup plus vivante.
Un style rétro assumé, mais qui divise
Visuellement, on reste dans du pixel art brut. Pas d’effets tape-à-l’œil ni d’animations. Le personnage, représenté comme un singe (mais ce n’en est pas un), se contente de gestes basiques. Les environnements changent de couleur selon la zone, et ça suffit pour donner une impression de progression. C’est volontairement simplifié, probablement pour éviter toute distraction et se concentrer sur le saut. Certains trouveront ça propre et lisible, d’autres auront l’impression d’un jeu trop vide.
Côté son, les musiques sont composées de petites boucles électroniques qui tournent en permanence. Elles font le travail, mais deviennent répétitives à force. Les bruitages sont eux aussi réduits à l’essentiel : un son pour le saut, un autre pour l’atterrissage, et quelques effets comiques lors des chutes. Rien de mémorable, mais ça colle à l’ambiance.
La maniabilité, elle, est précise mais impitoyable. Le jeu ne pardonne rien. Chaque saut raté est entièrement de votre faute, et c’est ce qui rend la progression à la fois gratifiante et épuisante. Si vous aimez analyser vos erreurs et recommencer jusqu’à réussir, vous trouverez votre compte. Si vous avez besoin d’un jeu plus souple, vous risquez de décrocher très rapidement.
Quand la frustration prend le dessus
Là où le jeu divise vraiment, c’est dans son manque total de variété. Vous ne faites que sauter, encore et encore, pendant des heures. Les décors changent un peu, mais la mécanique reste identique. Il n’y a pas de nouveaux obstacles, pas d’ennemis, pas d’objets à collecter. La progression est uniquement basée sur votre patience.
L’autre point qui fâche, c’est la punition des chutes. Dans beaucoup de jeux exigeants, on trouve des points de reprise qui limitent la casse. Ici, ce n’est pas le cas. Vous pouvez perdre en une seconde, une demi-heure de progression en un seul saut raté. Certains trouveront que ça fait partie du charme, d’autres que c’est une punition gratuite. Le problème, c’est que ce choix ferme clairement la porte à une partie du public.
La musique répétitive peut aussi devenir un vrai problème quand vous restez coincé trop longtemps dans la même zone. Et l’habillage humoristique autour de la finance, amusant au début, ne se renouvelle pas. Une fois la blague comprise, il ne reste qu’une mécanique brutale.
Ces défauts ne viennent pas d’un manque de travail, mais d’un choix assumé. Les créateurs ont voulu faire un jeu minimaliste, centré sur une seule idée. C’est cohérent, mais ça ne pardonne pas.
Une expérience qui ne fait pas de cadeau
Diamond Hands: To The Moon n’essaie pas de plaire à tout le monde. Si vous aimez les jeux qui proposent du contenu varié et qui ménagent vos efforts, ce n’est pas pour vous. En revanche, si vous cherchez un défi radical, où chaque petite victoire se mérite, alors vous allez y trouver quelque chose d’addictif.
C’est un jeu simple, mais qui joue avec votre patience et votre envie de recommencer. Vous pouvez passer des heures à progresser de quelques mètres, mais quand vous réussissez enfin un passage difficile, la satisfaction est réelle. C’est le genre d’expérience où l’on alterne entre l’envie d’abandonner et l’envie d’aller toujours un peu plus haut.
Diamond Hands n’est pas un jeu qui se juge par la quantité de contenu, mais par l’intensité de la persévérance qu’il demande. Soit vous accrochez et vous y passerez des dizaines d’heures, soit vous abandonnerez rapidement. Il n’y a pas vraiment d’entre-deux.
Merci à l’éditeur de nous avoir fourni le jeu.