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Écrit par : Sébastien Falter et Elise
L’été, la saison des bonnes affaires… ou des mauvaises surprises
Avec l’arrivée des beaux jours, les marchés aux puces fleurissent partout en France. Des places de villages aux parkings de supermarchés, en passant par les grandes brocantes organisées sur plusieurs rues, c’est une véritable chasse au trésor à ciel ouvert. Parmi les stands de vaisselle, de livres jaunis par le temps, de jouets d’enfants et surtout de vêtements, se cachent parfois de véritables pépites vidéoludiques. Vieilles consoles, jeux rares, accessoires d’époque… tout y passe. L’été devient alors le terrain de jeu idéal pour les passionnés, mais aussi un piège redoutable pour les acheteurs trop pressés. Car, derrière l’excitation de la trouvaille, se dissimulent parfois de véritables arnaques ou de grosses déceptions. Acheter une console sur un marché aux puces peut être une excellente affaire… ou un échec cuisant.
L’illusion de la bonne affaire
Un marché aux puces, c’est avant tout un endroit où les émotions prennent facilement le dessus sur la raison. Vous marchez tranquillement, le regard accroché aux piles d’objets, et soudain, au détour d’une table branlante, une Super Nintendo ou une PlayStation première génération apparaît. La console est là, sous vos yeux, avec ses câbles vaguement entortillés et peut-être même quelques jeux posés à côté. Le prix affiché est ridiculement bas, ou, à l’inverse, tellement haut que vous vous dites : « Si le vendeur ose mettre ce prix, c’est que c’est rare, non ? ».
C’est précisément à ce moment-là que le danger commence. Sur un marché, il n’y a pas de fiche technique officielle, pas de garantie, pas de retour possible. Vous êtes seul face à un objet dont vous ne connaissez pas l’historique. Le vendeur, qu’il soit parfaitement honnête ou un peu trop malin, vous racontera peut-être que « ça appartenait à mon neveu » ou que « ça marchait la dernière fois qu’il l’a testé ». Mais dans la réalité, personne ne peut vous prouver son fonctionnement sur place. Dans l’euphorie, vous risquez de payer très cher pour une console qui ne s’allumera jamais une fois chez vous.
Les signes qui doivent alerter… même sans allumer la console
Comme il est impossible de tester l’appareil directement sur un marché aux puces, il faut apprendre à lire les indices visuels et matériels. Une coque jaunie peut révéler une exposition prolongée au soleil, signe que la machine a peut-être souffert de chaleur. Des vis abîmées indiquent que la console a déjà été ouverte, peut-être pour tenter une réparation. Des câbles rafistolés avec du ruban adhésif ne présagent rien de bon, tout comme une manette dont les boutons sont mous, bloqués voire carrément cassés, surtout les joysticks.
Il faut aussi se méfier des consoles trop « propres ». Une vieille machine sortie du grenier devrait avoir au minimum un peu de poussière, une légère patine. Un plastique immaculé peut cacher une coque de remplacement ou un nettoyage trop agressif, parfois destiné à masquer une réparation. Dans certains cas, la console n’est même pas celle qu’elle prétend être : certains vendeurs présentent des clones ou des modèles asiatiques bas de gamme, qui imitent l’apparence des vraies machines mais ne fonctionnent pas correctement, ou pas avec les jeux originaux.
Les histoires que l’on vous racontera
Sur un marché aux puces, il est rare qu’un vendeur vous dise simplement : « Je ne sais pas si ça marche ». Le plus souvent, vous entendrez des récits soigneusement préparés. « Elle marchait très bien la dernière fois qu’on l’a branchée, mais on n’a plus les câbles », « Elle a dormi dans un placard, donc elle est nickel », ou encore « Je ne la vends pas cher parce qu’il faut juste changer un fusible » (déjà vécu sur une Super NES). Ces phrases, répétées de stand en stand, servent à rassurer… mais elles ne prouvent rien.
Certains vendeurs jouent même sur la nostalgie. Ils vous parleront de leurs souvenirs d’enfance passés sur cette console, ou du plaisir qu’ils avaient à y jouer avec leurs enfants. C’est parfois vrai, mais c’est aussi une technique pour créer un lien émotionnel avec vous et vous pousser à l’achat. Il faut se rappeler qu’un marché aux puces n’est pas un musée : l’histoire racontée autour d’un objet sert souvent à en augmenter la valeur perçue.
L’art de négocier… sans se faire avoir
Sur un marché aux puces, la négociation est une tradition. Mais il ne faut pas croire que baisser le prix de quelques euros transforme automatiquement une mauvaise affaire en bonne. Si la console est inutilisable, même un prix bas reste de l’argent perdu. En revanche, négocier peut servir à obtenir plus qu’un simple rabais. Vous pouvez, par exemple, essayer de récupérer des câbles supplémentaires, une manette en plus ou quelques jeux. Cela augmente la valeur de votre achat et vous permet parfois de remplacer des accessoires défectueux.
Pour négocier efficacement, il faut éviter de montrer trop d’enthousiasme. Si vos yeux brillent en voyant la console, le vendeur saura qu’il a un client facile. Mieux vaut poser des questions neutres, examiner l’objet avec attention et faire mine d’hésiter. Même si au fond, vous savez que vous voulez repartir avec cette machine, il est toujours préférable de laisser croire le contraire. (C’est ainsi qu’Elise a réussi à repartir avec une Playstation 1 en boite, import japonais et vendue avec un jeu pour un prix plus que dérisoire, après avoir écrasé mon pied car je lui répétais “MAIS C’EST DE L’IMPORT TU N’AS PAS VU ?!?”).
Une fois chez vous : la vérité éclate
Le moment le plus décisif arrive toujours après l’achat, une fois rentré chez vous. Vous branchez la console avec impatience… et là, tout peut arriver. Parfois, elle s’allume sans problème et vous pouvez revivre vos souvenirs de jeunesse. Parfois, elle reste muette, ou affiche un écran noir. Dans certains cas, elle fonctionne mais présente des problèmes : image instable, son déformé, boutons qui répondent mal. C’est là que vous réalisez que sur un marché aux puces, tout repose sur un pari, parfois on gagne, parfois non.
Si vous avez payé un prix raisonnable et que vous aimez bricoler, réparer la console peut devenir un projet intéressant. Mais si vous cherchiez simplement une machine prête à l’emploi, cette mauvaise surprise risque de laisser un goût amer.
Le plaisir de la chasse, malgré tout
Malgré les risques, acheter une console sur un marché aux puces reste une expérience unique. Il y a quelque chose de grisant à fouiller parmi les vieilleries, à dénicher un morceau d’histoire vidéoludique au milieu d’objets sans rapport. Et même si l’achat ne se passe pas toujours comme prévu, la recherche elle-même fait partie du plaisir. C’est un peu comme la pêche : certains jours, on rentre avec un gros poisson, d’autres fois avec juste une vieille botte au bout du fil… mais l’excitation de la découverte est toujours là. Si vous faites les marchés aux puces à plusieurs, cela peut vite devenir une compétition à qui fera la meilleure affaire !