Ruffy and the Riverside

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Temps de lecture estimé : 8 minutes

Bande-annonce de Ruffy and the Riverside

Impossible d’oublier ce genre d’aventure, même des années plus tard. Une balade colorée, douce comme une madeleine, au bord d’une rivière qui semble glisser hors du temps. Ruffy and the Riverside ne cherche pas à casser les codes. Il les redessine avec un crayon de couleur. D’un geste calme, il vous tend une carte postale un peu froissée, un peu naïve, mais sincère.

Et ça marche. Pas grâce à des effets spectaculaires ou des mécaniques complexes. Mais parce que derrière sa carapace simplette se cache une vraie volonté : vous faire voyager, avec vos yeux d’enfant, et vos mains d’adulte. Alors, oui, parfois c’est maladroit. Oui, certains détours sont longs. Mais est-ce que ça n’en valait pas la peine ?

Une mécanique pas si bête

Ruffy and the Riverside
Ruffy and the Riverside

Ruffy, petit ours rêveur et balourd, se retrouve embarqué dans une aventure de réparation. Le monde de Riverside est cassé. Les textures se mélangent, les éléments perdent leur cohérence, et la nature elle-même semble en bug visuel. Mais Ruffy, lui, a un pouvoir unique : le Troc. Cette capacité permet littéralement de copier des éléments du décor (herbe, eau, feu, métal…) et de les « coller » ailleurs pour transformer l’environnement. Un lac de lave devient une mare paisible. Un mur infranchissable devient un buisson traversable. Les limites du monde se déplacent selon vos idées.

À la base, c’est un jeu de plateformes en semi-monde ouvert. Chaque zone vous laisse une certaine liberté d’exploration, tout en vous poussant doucement vers des objectifs. On y rencontre une foule de personnages attachants, comme Pip l’abeille bavarde ou Sir Eddler la taupe noble, qui proposent des quêtes secondaires parfois farfelues, souvent amusantes, et surtout pleines de petits clins d’œil.

Le jeu s’articule autour de sept grandes régions, reliées entre elles par des hubs. Chaque région propose un thème visuel (forêt, désert, montagne enneigée, etc.) et des énigmes qui tirent parti du système de Troc. Il ne s’agit pas juste de traverser, mais d’observer, expérimenter, et s’adapter. Les énigmes ne sont pas trop dures, mais elles demandent une certaine logique spatiale. Le plaisir vient justement de cette impression de « bricoler » le monde avec ce qui vous tombe sous la main.

À noter aussi la présence de zones bonus, de collectibles planqués, de défis chronométrés ou de transformations spécifiques qui viennent enrichir la progression. On peut y passer beaucoup plus de temps que prévu, simplement pour le plaisir d’explorer.

Des dessins qui respirent, une bande-son qui berce, une prise en main douce mais pas parfaite

Ruffy and the Riverside
Ruffy and the Riverside

Graphiquement, Ruffy and the Riverside ne cherche pas la technique brute. Ce n’est pas un jeu qui en met plein la vue par sa résolution ou ses effets de lumière. C’est un jeu qui respire. Tout semble avoir été dessiné à la main, avec des couleurs douces, des lignes simples mais expressives, et un vrai amour du détail dans chaque recoin de décor. Il y a un côté livre illustré pour enfants, mais jamais niais. Des animaux rigolos, des villages fleuris, des rivières qui clapotent avec paresse… Chaque environnement propose une ambiance propre, et même si les assets sont parfois recyclés, on ne ressent jamais vraiment de lassitude visuelle.

L’animation est fluide, même si elle reste sobre. Ruffy bouge avec une lourdeur mignonne, parfois un peu pataude, qui colle bien à sa personnalité. Les autres personnages ont chacun leur gestuelle propre, ce qui ajoute une touche de vie bienvenue. Certains détails font sourire, comme les bulles qui flottent en sortant de l’eau, ou les flammes qui dansent lorsqu’on pose de la lave.

Côté musiques, c’est une vraie réussite. Les thèmes sont nombreux, variés, et souvent très bien intégrés à l’ambiance locale. On passe d’un morceau jazzy feutré dans une grotte sombre, à une ballade flûtée dans une prairie. Les mélodies restent en tête, sans jamais lasser. Les bruitages, eux, sont simples mais efficaces. Chaque Troc produit un petit bruit bien défini, chaque saut, chaque objet collecté a son feedback sonore. Rien de révolutionnaire, mais tout est à sa place.

La jouabilité, elle, oscille entre confort et imprécision. Ruffy répond bien, mais certains éléments comme les échelles, les plateformes mouvantes, ou les rebonds sur les murs manquent de précision. Parfois, on tombe sans trop savoir pourquoi. D’autres fois, on Troc une texture sans bien comprendre comment elle va réagir sur le terrain. Il y a un petit flou, une friction, qui peut frustrer dans les passages plus complexes.

Heureusement, le jeu n’est jamais punitif. Il propose des checkpoints fréquents, une progression assez souple, et des mécaniques de récupération généreuses. On ne vous sanctionne pas sévèrement pour avoir tenté une transformation absurde ou sauté trop tôt. Ce qui permet de continuer à explorer, même quand la précision n’est pas au rendez-vous.

Là où le jeu se perd un peu

Ruffy and the Riverside
Ruffy and the Riverside

Même si l’ensemble est cohérent et mignon, il faut bien le dire : le concept de Troc, aussi ingénieux soit-il, finit par s’essouffler. Au bout de plusieurs heures, certaines mécaniques reviennent en boucle. Copier l’eau pour éteindre un feu, transformer une paroi en corde grimpable, faire fondre la glace… tout cela devient très vite familier. Et le jeu peine un peu à renouveler ses idées. Quelques variantes apparaissent, bien sûr, mais rarement de quoi surprendre.

Les énigmes, elles aussi, souffrent de cette redondance. On comprend rapidement quels sont les « types » de puzzle que le jeu propose, et même si la logique reste amusante, l’effet de surprise diminue fortement après la quatrième région. Certains défis s’allongent inutilement, non pas parce qu’ils sont complexes, mais parce qu’il faut beaucoup marcher, chercher, tester… sans être vraiment guidé.

Le manque d’indications est d’ailleurs un souci plus général. Il arrive souvent de se perdre, non pas par choix, mais parce que le jeu ne dit pas clairement ce qu’il attend. Aucun journal de quête n’indique précisément où aller. Certains objectifs sont vagues, et les PNJ donnent des indices flous. C’est charmant au début, frustrant à la longue.

Enfin, il faut évoquer les problèmes de lisibilité. Quand on copie certaines textures, leur effet n’est pas toujours évident. Une surface de pierre peut être grimpable, ou non, selon son contexte. Une étendue liquide peut être de l’eau ou de l’acide. Ce manque de clarté visuelle, parfois renforcé par l’éclairage ou la distance, ajoute une dose d’incertitude qui nuit à la fluidité de certaines énigmes.

Et même si l’univers est attachant, il manque un petit souffle narratif. L’histoire reste en toile de fond, et les dialogues, bien que souvent drôles, n’emmènent jamais vers une vraie émotion ou un vrai enjeu. On parcourt le monde pour le réparer, oui, mais sans vraiment savoir pourquoi. Il y a une forme de distance.

Un jeu imparfait, mais généreux et sincère

Ruffy and the Riverside
Ruffy and the Riverside

Ruffy and the Riverside, ce n’est pas un jeu qui bouleverse. Mais c’est un jeu qui apaise. Une aventure modeste, pleine de petits moments inattendus, qui cherche à vous faire sourire plutôt qu’à vous éblouir. Il ne réussit pas tout, loin de là. Sa répétitivité, ses imprécisions, son manque de guidage ou sa lisibilité bancale l’empêchent d’atteindre le niveau d’excellence auquel il aurait pu prétendre.

Mais malgré ces défauts, difficile de ne pas s’attacher. Il y a une vraie personnalité dans ce jeu. Une envie sincère de proposer quelque chose de différent. Un rapport presque tactile au monde, grâce au Troc, qui donne l’impression de modeler le décor avec ses doigts. Une ambiance chaleureuse, des musiques enveloppantes, des personnages curieux et un monde qui mérite d’être découvert.

Ce n’est pas une révolution. Ce n’est pas non plus une simple copie nostalgique. C’est un jeu qui essaie, qui ose, qui rate parfois, mais qui continue quand même. Et parfois, c’est tout ce qu’il faut pour que le voyage vaille le détour.

Merci à l’éditeur de nous avoir fourni le jeu.

Le testeur aime:

  • Mécanique Troc originale et bien exploitée
  • Univers coloré, chaleureux et visuellement cohérent
  • Direction artistique soignée façon dessin animé
  • Musiques variées, apaisantes et bien intégrées
  • Personnages secondaires attachants et drôles
  • Liberté d’exploration agréable
  • Nombreux secrets, défis et collectibles
  • Difficulté accessible sans frustration
  • Checkpoints fréquents et progression souple
  • Bonne durée de vie

Le testeur n'aime pas:

  • Répétitivité des énigmes et du gameplay au bout de plusieurs heures
  • Contrôles parfois imprécis
  • Manque de clarté dans les objectifs et absence de guidage clair
  • Effets visuels de certaines textures peu lisibles ou ambigus
  • Histoire très légère, peu d’implication émotionnelle
  • Absence de journal de quêtes ou d’aide à la navigation
  • Quelques lenteurs et allers-retours inutiles
  • Pas de montée en puissance dans les mécaniques
8.8

Super

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