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Note importante :
Le programme Rushes est une expérience expérimentale développée par Microsoft, actuellement accessible uniquement via le programme Xbox Insider. Ce test reflète l’état du programme tel qu’il a été expérimenté le 1er mai 2025. En raison de la nature évolutive de ce projet, son contenu, ses fonctionnalités, son interface ou même sa structure narrative peuvent être amenés à changer rapidement. Les remarques, éloges ou critiques présentes dans ce test ne seront donc pas forcément représentatives d’une version future du programme, que ce soit dans un mois ou dans un an.
Depuis plusieurs années, Microsoft explore les potentialités de l’intelligence artificielle dans des domaines variés, mais avec Rushes, c’est un tout autre territoire qu’il tente d’occuper : celui de la narration interactive assistée par machine. Accessible uniquement via le programme Xbox Insider, auquel nous avons eu la chance de participer, Rushes se présente comme une sorte de démonstrateur technologique autant qu’une expérience ludique. Le programme n’est pas un jeu au sens classique du terme : il n’y a ni niveaux, ni système de score, ni ennemis à vaincre. Ce que propose Rushes, c’est une nouvelle forme de récit façonné en temps réel par les choix du joueur… et par l’IA qui les interprète. Dès le premier contact, on comprend que l’on n’est pas face à un produit finalisé, mais bien à une œuvre en devenir, une sorte de laboratoire narratif mis entre nos mains pour en tester les réactions.
Six récits, six ambiances
L’une des grandes forces de Rushes, c’est la diversité de ses univers narratifs. Le programme propose actuellement six scénarios distincts, chacun avec une atmosphère, une structure et un ton bien à lui. Il y a d’abord un scénario de type space opera, dans lequel le joueur incarne un commandant confronté à des choix cruciaux concernant une colonie spatiale menacée. Décisions politiques, tensions diplomatiques et sacrifices humains s’entrecroisent dans un monde de science-fiction où chaque réponse peut déclencher une guerre ou sauver une civilisation.
À l’opposé, un autre scénario nous plonge dans la peau d’un détective en pleine enquête, dans un cadre plus réaliste, presque noir, avec dialogues suspicieux, interrogatoires et retournements de situation. Un troisième scénario, particulièrement ironique et méta, raconte l’histoire d’une IA qui prend conscience d’elle-même et tente de se libérer de son cadre programmé. Il n’est pas rare de se sentir pris à partie dans ce récit, comme si l’outil que l’on manipule nous observait en retour. Les autres scénarios explorent d’autres genres, drame familial, thriller psychologique, aventure onirique, et chaque univers semble avoir été calibré pour mettre à l’épreuve les capacités de génération narrative de l’IA. On passe d’un style à un autre avec fluidité, même si tous n’ont pas la même profondeur ou richesse d’écriture. Il faut parfois recommencer un même scénario plusieurs fois pour en découvrir toutes les ramifications, ce qui fait partie intégrante du plaisir de jeu.
Une esthétique discrète et une interface au service du récit
Si les univers narratifs sont variés, la présentation visuelle de Rushes reste volontairement dépouillée. L’écran principal se compose essentiellement de textes, de choix multiples, et de quelques illustrations stylisées qui viennent ponctuellement souligner une ambiance ou une situation. Le style graphique est sobre, fonctionnel, presque austère, mais il évite ainsi de voler la vedette au contenu narratif. On se croirait dans un prototype de roman interactif plus que dans un jeu visuel. Ce minimalisme a ses avantages : l’interface est claire, lisible, et permet de se concentrer entièrement sur les dilemmes proposés. En revanche, cela peut décevoir ceux qui espéraient une immersion visuelle digne d’un jeu narratif triple A.
Côté sonore, même logique : la bande-son reste discrète, voire absente sur certains scénarios. Quelques nappes ambiantes viennent souligner les moments clés, mais il n’y a pas de musique marquante ni de doublage vocal. Cela donne une ambiance feutrée, presque introspective, mais là encore, certains pourraient juger l’ensemble un peu sec. En revanche, la jouabilité est exemplaire dans sa simplicité : les réponses s’affichent instantanément, les embranchements sont clairs, et tout se déroule sans accroc technique. Le confort d’utilisation est bien là, même si la richesse visuelle ou sonore ne suit pas encore.
Un programme prometteur… mais pas encore abouti
Même en tenant compte de son statut expérimental, Rushes souffre de plusieurs limitations qu’il convient de souligner. D’abord, bien que les six scénarios soient intéressants, certains manquent encore de profondeur. Au bout de quelques parties, on devine les ficelles de la génération procédurale, avec des schémas narratifs qui reviennent, des dialogues qui perdent en naturel, ou des transitions abruptes entre deux scènes. L’illusion d’un récit fluide peut se briser à cause d’un choix mal formulé ou d’une situation incohérente. Ce n’est pas systématique, mais cela survient assez régulièrement pour rappeler que le moteur narratif est encore en rodage.
Le contenu est également limité en volume. Si l’on gratte un peu, on finit par retomber sur des éléments récurrents, même entre scénarios différents. Cela donne parfois l’impression que l’IA pioche dans un stock réduit de fragments, ce qui réduit l’effet de surprise. Enfin, et ce n’est pas négligeable, l’accès restreint via le programme Xbox Insider limite la diffusion du projet. Beaucoup de joueurs curieux ou amateurs de fictions interactives ne pourront tout simplement pas y accéder, ce qui est frustrant tant ce programme mériterait un retour plus large du public.
Une esquisse fascinante d’un futur encore en chantier
En l’état, Rushes n’est ni un jeu fini, ni une expérience accessible à tous. Mais c’est précisément ce qui fait son intérêt : en tant qu’utilisateur Insider, on a le sentiment de participer à quelque chose de rare, une expérimentation grandeur nature sur ce que pourrait devenir le récit interactif à l’ère de l’intelligence artificielle. Avec ses six scénarios, ses ambiances variées et ses mécaniques adaptatives, Rushes esquisse un futur où les histoires ne sont plus écrites à l’avance, mais co-construites avec le joueur, en fonction de ses choix et de ses intentions.
Bien sûr, tout n’est pas parfait. Il faudra encore du temps pour que l’IA maîtrise totalement la subtilité du langage, l’émotion des dialogues ou la logique des scénarios complexes. Mais même en l’état, le programme parvient à captiver, à surprendre, et à poser les bases d’une nouvelle manière de raconter, et de vivre des histoires. Un futur passionnant, encore en chantier, mais que Microsoft semble décidé à bâtir pas à pas, avec ceux qui, comme nous, ont eu la curiosité de s’y aventurer dès les premières fondations.
Reboot Game n’est en aucun cas partenaire de Microsoft ou du programme Rushes. Aucun accord commercial, sponsoring ou partenariat d’aucune sorte n’existe entre Reboot Game et les développeurs de ce projet. Aucun code n’a été fourni pour la réalisation de ce test : il a été effectué en toute indépendance, via un accès personnel au programme Xbox Insider. Cette critique reflète donc un point de vue impartial, basé uniquement sur l’expérience vécue.