The Precinct

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Temps de lecture estimé: 8 minutes

Bande-annonce de lancement de The Precinct

Il y a des jeux qui, dès les premières minutes, cherchent à impressionner. À grand renfort de cinématiques, de dialogues appuyés, de promesses de grandeur. The Precinct prend une autre voie. Vous voilà plongé, sans tambour ni trompette, dans la peau de Nick Cordell Jr., jeune policier tout juste arrivé dans un commissariat d’Averno City. Pas de héros au passé trouble, pas de destin hors du commun. Juste un flic, un uniforme, une radio, et un carnet d’objectifs.

Ce choix narratif peut dérouter. Il est rare, dans un jeu d’action ou d’enquête, d’endosser un rôle aussi ordinaire. Pourtant, c’est cette ordinarité qui donne au jeu son ton particulier. Vous commencez votre journée dans la salle de briefing, suivez une procédure standard, recevez vos premières affectations. Le réalisme ne cherche pas à épater. Il s’impose par la routine. La routine d’un métier que la fiction a souvent exagéré, mais que The Precinct tente ici de rendre tangible.

Dans cet univers où tout rappelle les années 80, des voitures aux enseignes lumineuses, des communications radio à la bande-son synthétique, vous prenez peu à peu vos marques. Averno City se dévoile lentement. Ce n’est pas une ville spectaculaire, mais une cité traversée par un climat social tendu, des tensions raciales sous-jacentes, des quartiers inégaux. Il y a ici une volonté de faire exister un décor crédible, et même si celui-ci n’est pas densément peuplé, il s’appuie sur une atmosphère solide.

Un gameplay entre interventions modestes et immersion douce

The Precinct
The Precinct

Le cœur de The Precinct, c’est l’intervention policière. Le jeu vous place au volant de votre véhicule, vous confie une radio, et vous invite à répondre à des appels. Parfois, il s’agit d’un vol à l’étalage. Parfois, d’un accident de la route. Une altercation entre deux passants, une effraction signalée, ou même un animal errant dans une ruelle. Ce ne sont pas des missions spectaculaires, mais des scènes de tous les jours, dans lesquelles vous devez prendre une décision.

Ce fonctionnement, qui peut sembler répétitif sur le papier, s’ancre dans une logique précise : celle de l’observation. Vous devez évaluer une situation, comprendre son origine, appliquer la bonne procédure. Utiliser la force n’est jamais une option par défaut. Le jeu vous pousse à dialoguer, à vérifier les papiers, à interroger les témoins, à suivre des protocoles. Tout cela contribue à donner un ton plus posé, plus humain à vos interventions.

Les déplacements dans la ville se font librement. Vous choisissez vos itinéraires, vos priorités, vos pauses. Le cycle jour/nuit, les effets météorologiques, la signalisation : tout participe à l’illusion d’un monde vivant, même si ce dernier reste assez figé dans ses routines. La carte d’Averno City n’est pas gigantesque, mais elle est suffisante pour donner l’impression d’un vrai périmètre de surveillance.

Ce qui surprend, c’est le calme apparent du jeu. Vous n’êtes pas constamment sollicité. Certains moments vous laissent simplement patrouiller, sans événement marquant. Ce sont ces instants-là qui ancrent le jeu dans une temporalité particulière. On accepte de ralentir, d’attendre, d’observer. Ce choix de rythme, volontairement lent, peut déranger si vous cherchez une montée en puissance rapide, mais il est cohérent avec la démarche générale du titre.

Une esthétique rétro qui soutient une vraie ambiance

The Precinct
The Precinct

Visuellement, The Precinct fait un choix assumé : celui d’un rendu isométrique qui évoque immédiatement les jeux de stratégie ou de gestion d’il y a vingt ou trente ans. Cette perspective donne une vue d’ensemble utile lors des interventions, mais elle implique aussi une certaine distance avec les personnages. Vous ne voyez pas les visages, vous ne percevez pas toujours les émotions. Ce recul visuel sert la logique du jeu : vous êtes un rouage dans une machine, un observateur plus qu’un acteur.

Les décors, bien que répétitifs, bénéficient d’un travail d’éclairage notable. De nuit, les phares des voitures tracent des lignes sur le bitume, les gyrophares teintent les murs, la pluie crée des reflets. Il y a là un vrai souci d’ambiance, même si les textures sont parfois sommaires. Le style global du jeu se rapproche de certains films de série B, et cette cohérence entre esthétique et propos est à souligner.

Sur le plan sonore, le jeu opte pour la retenue. Les musiques se font discrètes, se contentant de nappes atmosphériques ou de séquences synthétiques discrètes qui soutiennent l’ambiance sans jamais la surcharger. Ce minimalisme musical renforce la sensation d’isolement, et permet aux bruits de la ville (sirènes, conversations lointaines, klaxons) de prendre plus d’importance.

La jouabilité, quant à elle, repose sur une interface simple et claire. Les menus sont accessibles, les actions sont rapidement comprises, même si l’accès à certains outils pendant les poursuites pourrait être plus fluide. Vous devez parfois naviguer un peu trop dans des sous-menus alors que l’urgence de l’action exigerait plus de réactivité. Ce n’est pas bloquant, mais cela ralentit légèrement certaines séquences.

Une répétition structurelle et des manques qui pèsent à long terme

The Precinct
The Precinct

Avec le temps, les limites de The Precinct deviennent plus visibles. Ce qui apparaissait comme un hommage sobre aux métiers de la police finit par ressembler à une mécanique trop figée. Les missions, bien que variées dans leur présentation, suivent une structure identique : vous arrivez sur les lieux, vous identifiez les protagonistes, vous appliquez une solution. La répétitivité devient perceptible au bout de quelques heures.

Cette impression est renforcée par le manque d’évolution du personnage. Nick Cordell Jr. reste le même du début à la fin. Pas de montée en grade, pas d’amélioration notable de ses compétences ou de son équipement. Vous commencez avec un véhicule de base, un équipement standard, et vous finissez de la même manière. Cette stagnation est dommage, car elle empêche la sensation de progression qui dynamise tant d’autres jeux.

L’intelligence artificielle, également, mérite d’être mentionnée comme point faible. Certains suspects prennent la fuite sans raison, d’autres restent figés sans réagir. Les véhicules gérés par l’ordinateur adoptent parfois des comportements absurdes, comme tourner en rond sans but ou provoquer des collisions sans raison apparente. Ces défauts techniques ne détruisent pas le jeu, mais ils altèrent l’immersion, surtout lorsque l’on souhaite prendre au sérieux les situations proposées.

Enfin, la narration principale, centrée sur les zones d’ombre entourant le père du héros, manque de profondeur. L’histoire avance à petits pas, sans séquences fortes, sans dialogues mémorables. Ce n’est pas une trame qui retient l’attention, mais plutôt un fil conducteur discret. Si vous espérez un récit puissant ou des révélations marquantes, vous risquez d’être déçu. The Precinct préfère la suggestion à la dramatisation, parfois à l’excès.

Une proposition honnête, mais qui ne conviendra pas à tout le monde

The Precinct
The Precinct

Au terme de cette expérience, il est difficile de placer The Precinct dans une catégorie claire. Ce n’est ni un jeu d’enquête pur, ni un GTA-like, ni une simulation rigoureuse. C’est un mélange d’idées, porté par une volonté de proposer un regard différent sur le métier de policier. Vous y vivez des situations ordinaires, vous vous adaptez à un rythme lent, vous apprenez à faire confiance à votre propre sens de l’observation.

L’ambiance générale, faite de silences, de déplacements prudents et de décisions sans éclat, donne à l’ensemble une personnalité marquée. Il faut savoir apprécier ce type de jeu. Accepter de ne pas être un héros, de ne pas sauver la ville, mais simplement de faire le travail. C’est là que le titre trouve sa force, mais c’est aussi ce qui pourra en détourner certains.

Ce n’est pas un jeu spectaculaire, ni un titre au contenu très dense. C’est un jeu d’ambiance, avec ses lenteurs, ses répétitions, mais aussi son atmosphère particulière. Si vous êtes sensible à cette proposition, The Precinct pourra vous offrir une expérience différente, presque méditative. Sinon, vous risquez d’en faire rapidement le tour.

Merci à l’éditeur de nous avoir fourni le jeu.

Le testeur aime:

  • Ambiance maîtrisée, très inspirée des années 80
  • Concept original
  • Cycle jour/nuit et météo qui renforcent l’immersion
  • Liberté de patrouille, sans contrainte temporelle stricte
  • Interface claire et intuitive pour les interventions
  • Direction artistique cohérente avec le ton général du jeu
  • Gestion du tempo calme, loin des jeux d’action frénétiques
  • Musique discrète mais efficace, qui ne surcharge pas l’expérience
  • Aucune obligation de recourir à la violence : approche basée sur l’observation et la procédure

Le testeur n'aime pas:

  • Missions très répétitives sur la durée
  • Peu d’évolution du personnage
  • Histoire principale très discrète, presque effacée
  • Intelligence artificielle souvent peu crédible
  • Faible densité de la ville, avec des piétons et véhicules parfois incohérents
  • Maniabilité perfectible lors des poursuites ou des interventions urgentes
  • Sensation de stagnation après quelques heures de jeu
  • Manque de moments forts ou de variations scénaristiques
6.6

Honnête

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